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Un territoire marqué

Intention pédagogique

Une activité pour les classes du 1er cycle du secondaire, Géographie

La situation d’apprentissage et d’évaluation (SAÉ) Un territoire marqué a pour objectif de permettre aux élèves du 1er cycle du secondaire d’explorer les notions de territoire autochtone et de territoire protégé à partir d’une manifestation historique présentée dans l’exposition virtuelle Des images dans la pierre.

En lien avec des savoirs essentiels liés à la notion de territoire autochtone et en utilisant un exemple concernant les Inuit et tiré de l’exposition virtuelle, cette activité permet d’abord de comprendre comment les liens entre les Nations autochtones et leurs territoires s’expriment par des manifestations culturelles. Par la suite, la notion de territoire protégé est explorée par des exemples tirés de parcs naturels où se trouvent des œuvres rupestres : les élèves sont amenés à réfléchir à la protection et à la mise en valeur des sites rupestres, situés en milieu naturel.

Amenant les élèves à créer des liens entre deux types de territoires étudiés au cours du cycle, attirant ainsi leur attention sur les multiples dimensions que peut refléter un territoire, l’activité a aussi pour objectif d’éveiller les élèves à la toponymie et à la lecture du paysage.

Domaines et compétences visées

L’activité Un territoire marqué s’inscrit dans le domaine général de formation Environnement et consommation, de par ses liens avec la prise de conscience de l’interdépendance entre l’environnement et l’activité humaine.

  • Domaine d’apprentissage : Géographie
    • Lire l’organisation d’un territoire (Territoire autochtone)
    • Interpréter un enjeu territorial (Territoire protégé)
    • Techniques utilisées en géographie :
      • Interpréter un paysage
      • Interpréter un document iconographique
  • Compétences transversales
    • Exploiter l’information
    • Mettre en œuvre sa pensée créatrice

Une situation d’apprentissage en trois étapes

  • Préparation : Des empreintes sur le territoire
  • Réalisation : Un territoire protégé?
  • Intégration : Apprécier le territoire… de façon responsable

Ces trois étapes peuvent être réalisées partiellement ou en totalité.

Au terme de l’activité, vos élèves et vous aurez :

  • Exploré deux types d’actions humaines marquant l’appropriation du territoire : le pétroglyphe et la toponymie;
  • Comparé les facteurs de protection et de dégradation d’un site patrimonial;
  • Établi des liens entre différents types d’appropriation d’un même territoire : territoire autochtone, territoire protégé, territoire patrimonial, territoire touristique.

Afin que vous profitiez pleinement de votre exploration de l’exposition virtuelle et des activités proposées, nous vous invitons à :

  • Lire l’ensemble des étapes de l’activité et leur déroulement;
  • Explorer les différentes sections de l’exposition virtuelle;
  • Prendre connaissance des annexes.

Étape 1 – Préparation – Une période de travail en classe (60 minutes)

Des empreintes sur le territoire

Objectifs

  • Établir l’art rupestre comme un moyen d’appropriation autochtone du territoire
  • Identifier un autre moyen d’appropriation du territoire : la toponymie
  • Réaliser l’importance de la toponymie autochtone au Québec

Déroulement

  • À l’aide d’une carte du Québec, l’enseignant et les élèves situent le Nunavik, territoire inuit.

Ce vaste territoire a d’abord été occupé par les Dorsétiens, une civilisation venue d’Asie par le détroit de Béring et qui s’est installée sur ce territoire il y a environ 3800 ans. Puis, une nouvelle population, les Thuléens, les a remplacés il y a environ 750 ans. Les Thuléens sont les ancêtres directs des Inuit d’aujourd’hui.

  • L’enseignant présente aux élèves une photographie des gravures rupestres de Qajartalik.

Si les élèves ont travaillé la SAÉ d’histoire Vous avez dit rupestre?, l’enseignant peut leur demander la signification du terme « rupestre ». Sinon, l’enseignant propose de chercher la signification du terme ou leur communique la définition suivante :

Rupestre : du latin « rupes », signifiant « roche »; l’art rupestre est constitué de peintures ou de gravures faites sur des parois rocheuses par des civilisations précédant l’écriture.

On trouve au Nunavik quatre sites de gravures rupestres, tous dans la péninsule de l’Ungava1. Ce sont les seuls sites connus de tout l’Arctique canadien.

  • L’enseignant et les élèves situent le village de Kangiqsujuaq sur la carte, en bordure de la baie d’Ungava. Le plus connu de ces sites se nomme Qajartalik. Il se trouve un peu au sud du village de Kangiqsujuaq.
  • Les élèves décrivent les pétroglyphes et le site de Qajartalik. L’enseignant propose aux élèves de consulter la section Découvrir du présent site, ou il communique lui-même ces informations. Caractéristiques essentielles :
    • Pétroglyphes : gravures dans la pierre (ici de la stéatite, ou pierre à savon, principalement composée de talc et très utilisée pour la sculpture
    • Représentations : visages humains ou ressemblant à des humains, parfois avec des caractéristiques qui pourraient appartenir à des êtres surnaturels (ex. cornes)
    • Le site est situé près de la rive
    • Datation : les gravures ont été réalisées pendant la période où la civilisation Dorsétienne occupait le territoire
  • Pourquoi voudrait-on créer de telles gravures? L’enseignant propose aux élèves de formuler des hypothèses.
    • Pour laisser savoir qu’on est passé par là
    • Pour créer une œuvre d’art
    • Pour communiquer qui on est
    • Pour communiquer des expériences, des rêves ou des visions qu’on a eues en ce lieu
    • Pour communiquer une information (direction, ressources de chasse, etc.)

En général, on peut dire que de telles gravures sont une action humaine qui affirme notre lien avec le lieu, avec le territoire, une manière de se l’approprier, de dire qu’on y est passé, qu’on l’occupe.

  • Les élèves connaissent-ils d’autres moyens de s’approprier le territoire, d’y laisser sa marque, aujourd’hui ou autrefois?
    • Actes de propriété (contrats)
    • Graffiti
    • Cartes
    • Constructions (maisons, sculptures)
    • Toponymie (noms de lieux)

Donner un nom à un lieu, dans sa langue, est en effet un moyen d’affirmer le lien entre un peuple et un lieu. Souvent, on choisira comme nom une manifestation culturelle (un évènement historique ou un lien avec l’imaginaire), une caractéristique géographique ou une indication de ressources naturelles.

Quelques exemples (en inuktitut) :

  • Qajartalik : où il y a un kayak (le rocher qui s’avance dans l’eau peut ressembler à un kayak)
  • Kanjiksujuaq : la grande baie
  • Aupaluk : là où la terre est rouge (le sol est ferrugineux)
  • Puvirnituq : là où il y a une odeur de viande putréfiée (il y aurait eu noyade massive de caribous)

 

  • La toponymie autochtone se retrouve partout au Canada et au Québec. Même si les noms français ou anglais ont souvent remplacé les noms autochtones, plusieurs ont été conservés. Par exemple :
    • Des sites rupestres :
      • Kejimkujik : « lac des bons esprits » (ou des fées) en mi’gmaq (l’une des significations possibles)
      • Pepeshapissinikan : « on y voit dans le roc des figures naturellement peintes » en innu
    • D’autres lieux que vous connaissez probablement :
      • Québec : là où le fleuve se rétrécit, en plusieurs langues algonquiennes
      • Ahuntsic : petit et frétillant, en wendat
      • Canada (kanata) : village, en wendat
      • Saguenay : l’eau s’écoule, en innu

L’enseignant utilise la fiche d’activité Les toponymes autochtones (Annexe 1) pour amener les élèves à approfondir la notion d’appropriation du territoire par la toponymie.

  • Les Inuit et leurs ancêtres ont donc nommé le territoire et y ont laissé des traces d’appropriation, dont les gravures rupestres, bien avant le contact avec les Européens. Au cours de la suite de la SAÉ, on s’interrogera sur la valeur patrimoniale et la protection de ces traces d’occupation.

Étape 2 – Réalisation – Une période en classe (60 minutes) OU une demi-période en classe et 30 minutes de travail autonome

Un territoire protégé

Objectifs

  • Comparer la situation d’un site naturel/patrimonial selon qu’il est protégé ou non
  • Évaluer les mesures de protection d’un site patrimonial situé en nature

Déroulement

  • Qajartalik est situé à moins de 100 kilomètres du Parc national des Pingualuit2, l’une des grandes richesses naturelles du Nunavik. Pour en savoir plus sur ce parc, consulter le site http://www.nunavikparks.ca/fr/parcs/pingualuit
  • Toutefois, le site rupestre ne fait pas partie du parc. Il n’est pas surveillé par des gardiens ou protégé par des structures. Le site est donc exposé à certains dangers. Voir la section Découvrir de l’exposition virtuelle pour plus de détails.

Par exemple, on sait qu’avant 2001, des morceaux de pierre ont été prélevés, des graffitis sont apparus et des coups de hache ou de couteau ont été faits dans la pierre. On sait aussi que des touristes ont fait des frottis3 des gravures. Normalement, cette technique n’abîme pas les gravures, mais la stéatite de Qajartalik est friable et facile à briser si l’on ne sait pas comment procéder.

Par contre, le site est vraiment très éloigné des parcours touristiques habituels. Est-ce suffisant pour le protéger?

Depuis 1997, l’Institut culturel Avataq, qui travaille à préserver la culture et la langue inuit, essaie aussi de faire reconnaître le site de Qajartalik comme un lieu d’importance historique nationale. Cette reconnaissance pourrait ensuite permettre de poser la candidature du site à la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, permettant ainsi de mieux le protéger et le mettre en valeur.4

  • D’autres sites rupestres sont par contre situés dans des parcs naturels, ou alors sont des sites patrimoniaux protégés. Par exemple, parmi les sites rupestres présentés dans cette exposition virtuelle :
    • Le site Aisinaipi fait partie du parc provincial de l’Alberta appelé Writing-on-Stone et reconnu comme site historique national du Canada. On peut y participer à des randonnées avec des guides qui expliquent les gravures et peintures rupestres.
    • Le site Kakawin fait partie du parc provincial Sproat Lake en Colombie-Britannique, un parc où l’on pratique la randonnée, la baignade et le camping.
    • Le site Kejimkujik est un site historique et un parc national qui fait partie du réseau de Parcs Canada. On y pratique le canot et la randonnée.

Est-ce que la reconnaissance comme site historique, parc ou autre désignation est suffisante pour protéger le site pour les générations futures?

Les élèves sont maintenant amenés à réfléchir à cette question à l’aide de la Fiche d’activité Un territoire protégé? (Annexe 2), de façon individuelle ou en équipe. L’enseignant effectue ensuite un retour en plénière pour que les élèves partagent leurs arguments.

  •  L’enseignant conclut l’activité en rappelant que les différentes manières d’occuper un territoire peuvent entraîner des conflits quant à la meilleure manière de le protéger ou de le mettre en valeur. Il faut alors faire des choix. Cependant, serait-il possible de faire cohabiter ces différentes dimensions d’un territoire? La prochaine étape – Intégration – permettra d’y réfléchir.

Étape 3 – Intégration – Deux périodes en classe, en travail autonome ou une combinaison des deux options (120 minutes)

Apprécier le territoire… de façon responsable

Objectifs

  • Faire ressortir les savoirs essentiels à retenir de l’activité :
    • Les sites d’art rupestre sont une manière de d’établir des liens avec le territoire, au même titre que la toponymie ou la construction de bâtiments.
    • Les sites d’art rupestre constituent un patrimoine important pour les Autochtones du Canada et doivent donc être protégés.
    • Les sites d’art rupestre sont situés en milieu naturel, ce qui les expose à des facteurs de détérioration différents des autres types de patrimoine.
  • Permettre aux élèves d’élaborer une solution de communication à partir de connaissances géographiques
  • Ouvrir sur l’importance conséquente de la protection et de la préservation des œuvres d’art rupestre (en raison de leur vulnérabilité et pour le patrimoine de l’humanité)

Déroulement

  • L’enseignant met en évidence qu’un territoire peut abriter différentes dimensions : Un territoire autochtone peut aussi être patrimonial et au cœur d’un milieu naturel à protéger, comme c’est le cas pour Qajartalik.
  • Les élèves ont réfléchi :
    • À l’importance des sites rupestres comme appropriation du territoire autochtone
    • Aux facteurs de protection et de dégradation de sites patrimoniaux situés en milieu naturel
  • À l’aide de ces connaissances, on leur demande maintenant de créer un dépliant informatif OU une série de panneaux d’interprétation afin d’encourager le tourisme responsable sur le site de Qajartalik. Cet objet de sensibilisation devrait viser les touristes qui visitent le Nunavik, s’y rendant par la voie des airs ou par bateau. L’enseignant encourage les élèves à observer d’abord des dépliants de produits culturels, provenant de sites historiques ou naturels près de l’école ou parfois disponibles en ligne.

Quelques exemples :

Parc naturel de la Tourbière-du-Bordelais : https://ville.saint-lazare.qc.ca/documents/enviro/tourbierevisiteguidee.pdf

Les fresques de Québec : http://www.capitale.gouv.qc.ca/system/documents/media/000/000/115/original/11_160_circuits-fresques-murales.pdf?1442924697

Parc du Mont Wright : http://www.af2r.org/wp-content/uploads/2010/11/Guide-visiteur_MW2016.pdf

Des panneaux d’interprétation sont parfois placés près des sites historiques ou naturels, en voici quelques exemples :

Circuit patrimonial de St-Paul-d’Abbotsford : http://www.quatrelieux.qc.ca/PatriPaul/Circuit%20patrimonial/Panneau_ecole.jpg

Parc régional du Lac-Taureau : http://www.parcsregionaux.org/wp-content/uploads/2015/08/entreeSud-2.jpg

Quartier des Tisserands à Magog : https://www.ville.magog.qc.ca/wp-content/uploads/1970/01/banniere_Tisserands_WEB.jpg

  • Le dépliant ou le panneau produit par les élèves devra comprendre :
    • Des éléments de mise en valeur du site et de son aspect patrimonial
      • Pourquoi ce site est important pour les Inuit et pour la population mondiale
      • Interprétation des pétroglyphes (s’inspirer de la section Découvrir de l’exposition virtuelle)
      • Datation
    • Des éléments liés à la protection du site
      • Gestes à faire et ne pas faire sur le site, et pourquoi (effets)
      • Des actions que les touristes pourraient entreprendre pour aider à la protection du site

La présence et la qualité d’information liée à ces éléments constitue la liste des critères d’évaluation du produit final. L’enseignant peut ajouter des critères de présentation graphique ou d’inclusion d’éléments périphériques comme des photographies analysées ou l’utilisation d’informations supplémentaires à propos de Qajartalik.

  1. Upinnivik et Nuvukulluk sont deux des autres sites, le quatrième n’est pas nommé.
  2. http://www.nunavikparks.ca/fr/parcs/pingualuit
  3. Le frottis est une technique utilisée par les archéologues pour étudier les gravures sur pierre. On place une feuille de papier sur la gravure, puis on frotte avec une mine de plomb pour faire apparaître l’image sur le papier.
  4. http://whc.unesco.org/fr/list/

En conclusion

La situation d’apprentissage et d’évaluation Un territoire marqué constitue une manière de conjuguer des apprentissages dans les domaines de l’univers social (histoire et géographie), des arts et du français langue maternelle dans une compréhension globale d’un phénomène social. L’enseignant est invité à utiliser la SAÉ de géographie non seulement pour présenter les savoirs qu’elle aborde, mais aussi pour offrir l’occasion à l’élève de comprendre que tout territoire présente de multiples dimensions qui interagissent et influencent son développement et sa conservation.

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