Les créateurs et leurs héritiers Des créateurs insoupçonnés L’importance continue de l’art rupestre Au-delà des sites rupestres
Les créateurs et leurs héritiers
L’archéologie, l’ethnographie et les histoires orales des Premières Nations nous apprennent que les œuvres rupestres furent essentiellement produites par des groupes de chasseurs-pêcheurs-cueilleurs pratiquant un mode de vie nomade. Ainsi, les peuples de langues algonquiennes comme les Innus, les Anishinabeg et les Eeyou (Cris), dont les territoires traditionnels se trouvent dans le Bouclier canadien, ont créé plusieurs sites sur ce vaste territoire. L’art rupestre dans les Plaines a été réalisé par des peuples de même famille linguistique et culturelle comme les Niitsítapi (Pieds-Noirs) et les Nēhiyawak (Cris des Plaines) mais aussi par d’autres parlant les langues siouanes comme les Nakota (Assiniboines et les Stoney). En Colombie-Britannique, l’art rupestre était produit par des nations de langues wakashanes (Nuu-chah-nulth, Kwakwaka’wakw), tsimshianiques (Tsimshians), salishennes (Snuneymuxw, Skwxwú7mesh, Nlaka’pamux) et ktunaxa. Ces peuples vivaient de chasse, de pêche et de cueillette, et grâce à un environnement riche, ils étaient plus sédentaires.
Des créateurs insoupçonnés
Certains pétroglyphes de Kejimkujik et d’autres à Fleur-de-Lys à Terre-Neuve ont pu être créés par des Européens ou des Euro-Canadiens dans la période post-contact comme en attestent les images de navires. Le site de Grotto Canyon en Alberta présente une image qui rappelle l’art rupestre du Sud-Ouest américain et, plus spécifiquement, le motif de Kokopelli, un personnage mythique jouant de la flûte. Kokopelli est présent dans les croyances des Hopis et de leurs ancêtres, les Hisatsinom (les Pueblos ancestraux). Cette image pourrait-elle être la confirmation d’un voyage fait par des Autochtones entre ces deux territoires éloignés ?
L’importance continue de l’art rupestre
Pour plusieurs peuples autochtones, les sites d’art rupestre ont toujours une grande importance culturelle, comme en témoignent les traditions orales et les rituels qui y sont encore pratiqués de nos jours. Dans la vision occidentale, l’importance est mise sur le contexte de création et sur la signification originale de l’œuvre. Pour les Autochtones, l’utilisation continue de tels lieux et la possibilité de communiquer avec les esprits sont fondamentales tandis que la signification des images peut se perpétuer ou se transformer au fil des générations.
Certains groupes renouent des liens autrefois rompus avec des sites rupestres se trouvant sur leurs territoires. C’est le cas du Rocher à l’Oiseau sur la rivière des Outaouais, en territoire anishinabe qui, pendant des décennies, a été vandalisé et couvert de graffitis. Depuis une quinzaine d’années, des cérémonies traditionnelles s’y déroulent à nouveau.
Au-delà des sites rupestres
Les êtres du monde céleste comme les Oiseaux-Tonnerre ou les êtres subaquatiques comme les serpents, les épaulards ou le Mishipeshu, sont des acteurs importants dans les croyances et les traditions orales autochtones. Les images présentes sur certains sites rupestres peuvent également se retrouver sur d’autres supports. Par exemple, dans les Plaines, la riche tradition de créer de l’art biographique, c’est-à-dire l’art racontant les exploits de guerriers, est présente sur des peintures sur peaux, des vêtements et des tipis et, depuis la deuxième moitié du 19e siècle, sur du papier.
Certains artistes autochtones contemporains puisent dans l’univers des représentations rupestres et contribuent ainsi à la perpétuation et à la vitalité de cet héritage symbolique. Le peintre anishinabe, Norval Morrisseau, est l’un de ceux qui se s’est largement inspiré des histoires orales traditionnelles et de l’art rupestre pour alimenter sa riche production artistique.
Un patrimoine millénaire
Des œuvres aux multiples âges
Poursuivre la découverte